Partage d’histoire de deuil par Marianne
Marianne a accepté de répondre à nos questions sur son histoire de deuil, et nous l’en remercions grandement! Son histoire est inspirante. Partage-nous la tienne en nous écrivant en MP sur notre compte Instagram @ressort.eu.
Place au partage d’histoire de deuil de Marianne!
1. Quel deuil vis-tu aujourd’hui et comment te sens-tu en cet été 2025?
J’ai hésité à faire ce témoignage car le temps a passé, Olivier est mort depuis sept ans maintenant. La douleur est beaucoup moins intense et c’est comme si, de ce fait, je me sentais moins légitime à témoigner.
J’ai cependant des pincements au cœur dans certaines situations: quand je vois dans la rue des couples qui se tiennent par la main, des personnes âgées aux petits soins l’une pour l’autre… J’éprouve un sentiment d’injustice: pourquoi ne nous a-t-il pas été permis de vieillir ensemble?
Parfois un manque intense ressurgit quand je suis dans une situation où j’aurais besoin de partage et de complicité, que ce soit une situation agréable ou pénible.
2. Quels sont les choses ou les souvenirs qui t’apportent le plus de réconfort en pensant à ton proche parti trop tôt?
La dernière année ensemble
C’est paradoxal, mais ce qui m’apporte le plus de réconfort c’est d’avoir pu être auprès de lui toute cette dernière année avant sa mort. Notre lien était déjà fort mais il s’est intensifié cette année là.
Olivier, qui jusqu’alors travaillait beaucoup, voyageait beaucoup, s’est retrouvé d’abord à la maison pendant son traitement en chimiothérapie, puis à l’hôpital quand il a été paralysé par des métastases à la colonne vertébrale. J’allais le voir tous les jours après le boulot, nous passions aussi des heures au téléphone. Nous parlions bien sûr de sa maladie et nous sommes passés par des moments d’angoisse très importants, mais nous parlions aussi de nous, de nos enfants, de l’actualité, de mille choses. Tant que les médecins nous laissaient de l’espoir, nous faisions des projets d’avenir. Olivier ne s’est pas laissé enfermer dans la peur, il restait curieux de tout et j’étais impatiente de le retrouver quotidiennement. On ne s’ennuyait jamais avec lui… Cette année là,nous avons vraiment été fusionnels et nous avons fait face ensemble, sa chambre d’hôpital n’était pas triste, de nombreux amis venaient le voir, les conversations étaient animées.
Par dessus tout, je suis extrêmement reconnaissante d’avoir pu l’accompagner jusqu’au bout: il est revenu à la maison pour mourir car il ne supportait plus l’hôpital. Et sa mort a été une « belle mort » si on peut dire cela ainsi… Lors des derniers instants, il était conscient, il ne parlait plus mais il m’a pris la main, l’a embrassée en me regardant intensément, et j’ai compris qu’il me remerciait. Nous étions trois autour de lui dont son meilleur ami, à lui tenir la main, à lui caresser le front et à lui murmurer des paroles apaisantes… Son souffle s’est fait de plus en plus irrégulier puis s’est arrêté.
Je suis profondément heureuse d’avoir pu l’entourer de tendresse et le réconforter jusqu’à la fin.
Le mariage de Marianne et Olivier

On ne le voit pas sur les photos mais il est en fauteuil roulant et il porte sa pompe à morphine en bandoulière. Nos amis et notre famille étaient à nos côtés. C’était une fête d’adieux autant qu’un mariage mais c’était une belle fête…
3. Y-a-t-il des personnes, des activités ou des pratiques qui t’ont particulièrement aidé à traverser cette période?
Le travail a été une de mes bouées de sauvetage. Je suis prof, et, quand j’étais à fond dans mon cours, avec mes élèves, il m’arrivait d’oublier pendant deux heures… En revanche, en sortant de cours, la réalité me retombait dessus.
J’ai aussi eu à cœur de poursuivre tous les projets que nous avions évoqués, Olivier et moi, avant sa mort… Voyages avec les enfants, travaux dans l’appartement, achat d’une maison en Bretagne. Maison qui est devenue mon havre et qu’il aurait adorée, j’en suis certaine (il était breton). Réaliser ces projets était une manière de le prolonger évidemment. Je suis étonnée moi-même à posteriori de tout ce que j’ai réussi à mettre en œuvre. Je ne m’en serais pas crue capable dans ma vie d’avant…

Et puis je suis progressivement devenue une « experte du deuil » et de l’après-vie, des EMIs notamment… J’ai, pendant au moins trois/quatre ans, été boulimique de lectures, de vidéos, de podcasts, de films sur ce sujet.
4. Y-a-t-il des moments particuliers où tu sens encore la présence ou l’influence de la personne dans ta vie quotidienne?
J’ai l’impression qu’Olivier m’accompagne encore beaucoup, je lui parle régulièrement à voix haute. Son absence physique a parfois été insupportable, mais aujourd’hui je suis apaisée par rapport à cela.
Je sens sa présence « spirituelle » si on peut parler ainsi… J’ai eu droit à énormément de signes de sa part d’ailleurs. J’en ai moins aujourd’hui, mais j’en ai aussi moins besoin. Je sais qu’il est là et le sera jusqu’à ma propre fin.
5. Comment la perte que tu as vécue a-t-elle influencé ta vision de la vie ou de tes relations?
Comme je l’ai dit précédemment, la mort d’Olivier m’a permis de comprendre que j’avais des ressources intérieures plus importantes que je ne l’imaginais.
Et puis, je vais peut-etre passer pour une illuminée, mais cette mort m’a ouverte à tout un champ de connaissances que j’ignorais jusqu’alors, même si j’avais reçu une éducation religieuse. J’adhère profondément désormais à l’idée d’une survie de la conscience après la mort physique du corps. J’ai peur de la souffrance mais pas de la mort, et je sais que nous nous retrouverons Olivier et moi.
Merci beaucoup Marianne pour ce partage d’histoire de deuil
L’histoire de deuil de Marianne t’a inspiré?
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