Témoignage et partage de deuil, par Mathilde

Témoignage et partage de deuil, par Mathilde

Mathilde a accepté de répondre à nos questions et de nous faire part de son partage de deuil, et nous l’en remercions grandement! Son histoire est touchante. Partage-nous la tienne en nous écrivant en MP sur notre compte Instagram @ressort.eu.

Place au partage de deuil de Mathilde.

1. Quel deuil vis-tu aujourd’hui et comment te sens-tu en ce printemps 2025?

Aujourd’hui je vis le deuil d’Anthony, le papa de ma fille avec lequel nous étions séparés depuis quelques années. Mais aussi celui de son cousin qui était un ami, et un de ses meilleurs amis, que je connaissais moins, mais pour qui j’ai forcément une pensée.

 Ils sont partis tous les trois ensemble, le même jour, dans un accident de voiture…

Je ne me souviens plus, ou moins, de cette journée. Un choc, le monde qui s’écroule et à la fois on ne réalise pas… La première pensée que j’ai eu à ce moment là c’est pour notre fille Lina, qui avait 6 ans et demi quand s’est arrivé. Et surtout à la façon dont j’allais lui annoncer. Je pensais que ce ne serait pas moi qui aurais à le faire, mais un psy ou un ami… Et puis, avec du recul qui d’autre que moi, sa maman, aurait pu le faire?

Je pense que ce drame a été une grosse épreuve pour beaucoup d’entre nous, proche ou moins proche.

Pour ma part, ma position n’a pas été simple, sachant que c’est mon ex conjoint, je ne me sentais pas légitime de vivre ce deuil à ma manière. J’ai d’ailleurs longuement hésité avant de faire ce témoignage. Mais je le fais pour notre fille et surtout pour lui, pour le papa exceptionnel qu’il était.

Et puis, nous avions gardé un lien très fort et fusionnel, c’était mon pilier , indispensable dans la vie de notre fille mais aussi dans la mienne. Je comptais énormément sur son soutien, et sur son avis concernant l’éducation de notre fille.

A son départ je me sentais incapable de prendre des décisions et d’éduquer ma fille seule, sans lui, sans son aide.

Et puis, je crois que je me suis fait confiance. Je suis mon instinct, et surtout je suis les choses que l’on s’est toujours promis la concernant. Je sais qu’il est là pour me guider.

1 an et demi après, je peux dire que je vais bien. Avec des hauts et des bas, mais on avance.

Je crois que le deuil n’a pas de date limite, il ne suit aucun calendrier. Parfois tu crois aller mieux et une chanson, une photo, te rappelle à quel point la vie peut être injuste… Et je pense surtout à ma fille qui doit affronter cela du haut de ces 8 ans maintenant.

Partage de deuil par Mathilde père et fille

2. Quels sont les choses ou les souvenirs qui t’apportent le plus de réconfort en pensant à ton proche parti trop tôt?

Pour l’instant, les photos, les chansons ne m’apportent pas de réconfort. C’est plutôt douloureux, ainsi que pour ma fille, mais cela permet de garder les souvenirs…

Je sais que ma fille oubliera avec le temps, ce qui m’effraie un peu. Donc j’essaie d’entretenir tout cela. Je lui raconte régulièrement des anecdotes concernant son papa.

Il était pompier volontaire depuis quelques années, une passion pour lui. Son casque ainsi que son Tshirt sont dans la chambre de notre fille. C’est pour elle un moyen d’avoir sa présence, près d’elle.

J’essaie vraiment que le sujet ne soit pas tabou. Je ne la force pas à en parler mais, dès qu’elle le souhaite, on parle de son papa, au présent toujours, car je sais qu’il est près de nous.

Ma fille l’a compris aussi. Peu de temps après son décès, elle m’a dit cette phrase: « Je sais qu’il est là papa, il y a juste les nuages qui nous séparent « .

3. Y-a-t-il des personnes, des activités ou des pratiques qui t’ont particulièrement aidé à traverser cette période?

J’ai été très entouré par ma famille.

Mon conjoint a été d’un grand soutien aussi. Il a pris une place très importante et très difficile à la fois: celle d’un père. Jamais il ne remplacera son papa, elle n’en a qu’un seul, et pour toujours, mais il est devenu son repère masculin, un soutien pour elle, mais aussi pour moi. 

Mes parents, ma sœur et mon beau frère ont été très présents pour nous et le sont encore beaucoup.

Mes amis, qui, eux aussi, perdaient des personnes très chères.

Ma collègue de travail qui m’a fait comprendre aussi beaucoup de chose. Notamment que la mort ne s’arrête pas là, et qu’il serait toujours là près de nous. Des mots qui m’ont fait du bien.

Et puis la famille d’Anthony, sa maman, sa sœur Karine et ses enfants ont été et sont toujours très présents pour ma fille mais aussi pour moi. Leur soutien et leur présence sont très importants. Ils font partis de ma famille. Je sais que c’est exactement ce qu’il aurait voulu. Je lui ai promis que je garderai ce lien si précieux qu’il avait avec sa famille. Et finalement c’est tout ce qui nous raccroche à lui encore aujourd’hui. Ma fille leur apporte beaucoup de force et de courage. Sa nature solaire et rayonnante leur fait beaucoup de bien.

Partage de deuil par Mathilde, l'entourage

4. Y-a-t-il des moments particuliers où tu sens encore la présence ou l’influence de la personne dans ta vie quotidienne?

Je crois qu’il ne se passe pas un jour où je n’y pense pas. Tout simplement en regardant ma fille, elle lui ressemble tellement. Et puis, il suffit d’être attentif et d’y croire, mais il m’envoie souvent des signes. Je ressens du réconfort quand j’en ai besoin et cela me réconforte. 

Je ne sais pas si c’est vraiment réel mais ça m’aide.

5. Comment la perte que tu as vécue a-t-elle influencé ta vision de la vie ou de tes relations?

On oublie que la mort existe. On râle souvent pour tellement peu. Et puis, il y a ce jour, où le monde s’arrête, qui nous rappelle à quel point la vie est fragile.

Je crois que ce drame m’a changé, je vois la vie différemment. 

Je pense qu’il faut vraiment profiter des gens qu’on aime et leur dire tant qu’il est encore temps. Tout peut basculer en une fraction de seconde. 

Quelques temps après que ce soit arrivé, j’étais surprise à quel point la vie pouvait reprendre son cours, comme si rien ne s’était passé. J’ai eu vraiment du mal avec cela. Mais en réalité, la vie continue. Je crois que jamais personne n’oubliera. On apprend juste à vivre avec, chacun à sa manière. Cela n’empêche que ça reste douloureux… Mais on avance, et je pense réellement que c’est ce qu’il aurait voulu.

Je fais plus attention à moi également, je suis plus prudente, et je dirais que j’ai plus de peurs depuis. Je suis tout ce qui reste à ma fille… Sans avoir la prétention de dire que je suis devenue son monde, et que je représente tout pour elle, et elle représente également tout pour moi…

Elle me donne la force d’aller de l’avant, grâce à son courage et à sa résilience, du haut de ses 8 ans.

Ma priorité c’est ma fille. Rien, ni personne, ne remplacera son papa, mais je fais de mon mieux. Je veux lui offrir une enfance dont elle n’aura pas besoin de guérir une fois adulte…

J’avais écrit ses quelques mots avec ma fille , 1 an pile après le départ de son papa:

« Je t’ai vu t’envoler…

Tu t’es installé au-dessus de nos têtes et tu fais chavirer le ciel à chaque fois que je le regarde. Je ne t’oublie pas, j’apprends juste à vivre avec, à ma façon.

Je t’ai vu t’envoler, et prendre la plus belle place parmi les étoiles. »

On ne t’oubliera jamais…

Partage de deuil par Mathilde photo avec leur fille

Merci beaucoup Mathilde pour ce partage de deuil

Le partage de deuil de Mathilde t’a touché?

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